ORIGINE.S
16 -18 septembre 2023
Doux et amer, réconfortant et excitant, noble et commun, rituel et commercial… Le thé est décidément un breuvage aux multiples contradictions. Au gré des civilisations et du temps, le thé s’est aussi avéré capable d’innombrables métamorphoses.
Mais d’où vient cette plante si extraordinaire ? Où et comment les différentes traditions du thé sont-elles nées ? Quant aux pratiques du thé d’aujourd’hui, institutionnalisées, sauront-elles évoluer vers de nouveaux horizons ?
Pour y répondre, nos trois experts invités, Olivier Schneider, Adam Wojcinski, et Liam Rozier ont choisi chacun une manière bien originale et personnelle de traiter la question de l’origine et de l’héritage, chacun selon son domaine d’expertise : Triangle d’Or, Japon, Chine.
Trois jours durant, nous voyagerons dans le temps et dans l’espace. Nous nous promènerons dans une forêt vierge de théiers multimillénaires, nous apercevrons les premières couleurs du thé chinois, nous nous livrerons à un ‘combat de thé’ tel que pratiqué au Xe siècle, avant que le matcha ne s’épanouisse au Japon. Viendra ensuite le temps d’embarquer pour le futur, en apesanteur, en inventant les thés de demain.
De l'origine du thé à la naissance du Puerh
Les Blang font partie des peuples autochtones du Triangle d’Or. Ce sont ces peuples qui ont découvert et domestiqué le théier il y a plus de 3000 ans, posant ainsi la première pierre de la culture du thé. Ce sont ces mêmes peuples qui, dès le 17ème siècle, ont contribué auprès des Chinois à la naissance du thé puerh. Aujourd’hui fréquemment oubliés, instrumentalisés ou folklorisés, ils restent pourtant souvent derrière les puerh les plus fameux et recherchés du Yunnan.
Olivier Schneider : « Il y a 10 ans, je me suis rendu dans un village reculé des montagnes de Shuangjiang, dans le Yunnan, pour étudier la culture du thé des Blang, l’un de ces premiers peuples du thé. J’en suis revenu avec des enregistrements uniques de chants et de musique, captés lors d’une nuit de rituels, mais aussi de précieuses feuilles de thé, produites dans ce village par ceux dont j’ai immortalisé les voix. »
« Je vous propose aujourd’hui de faire renaître la magie de cette nuit de rituel à travers un voyage multi-sensoriel en hommage à ces peuples du Triangle d’Or. Plongés dans l’ambiance, les chants et la musique de ce village, nous apprécierons différents thés rares, parfois sauvages, parfois produits selon une culture ethnique typiquement blang, ou au contraire fruit des croisements qui se sont progressivement opérés avec la culture chinoise. Parmi eux figureront les feuilles transformées par ces villageois au moment où leurs voix ont été captées. »
La dégustation sera précédée d’une courte introduction sur les premiers peuples du thé, l’héritage qu’ils nous ont laissé et le rôle qu’ils ont eu dans le développement du thé puerh.
Un maximum de 10 convives par séance
Participation : 40€
100% de la recette sera versée à l’intervenant
16 SEP 11.00 – 13.00
17 SEP 13.00 – 15.00
18 SEP 11.00 – 13.00
Déguster le temps passé
Olivier Schneider : « Le thé, comme l’art, est le reflet de son temps, d’une région et d’une culture données. Mais la très grande majorité des thés ne se conservant pas, ils doivent être appréciés immédiatement après leur production. Contrairement à l’œuvre d’art, les feuilles de thé ne restent donc pas dans l’histoire. Elles ne laissent derrière elles que des souvenirs de leur dégustation, des descriptions plus ou moins poétiques, transmises oralement ou consignées sur le papier, qui ont parsemé les siècles sans qu’on puisse jamais refaire l’expérience de ces dégustations. En ce sens, l’histoire du thé est abstraite, écrite, et déconnectée du produit – pourtant fait pour parler aux sens – dont elle parle. »
« Certains thés, que les Chinois appellent « sombres », ont pourtant la propriété de se conserver et d’évoluer à travers les décennies. Il reste ainsi encore quelques rares feuilles de thé, produites il y a des décennies et parfois il y a plus d’un siècle, qui n’ont cessé depuis d’évoluer et de se construire avec le temps. Ces thés, particulièrement précieux, constituent un héritage unique que nous avons la chance de pouvoir continuer à infuser et à apprécier par la dégustation. Ils reflètent à la fois « leur temps », c’est-à-dire la période qui les a engendrés, mais aussi le temps qui a patiemment construit leur caractère. »
« Devenu un être vivant et vieillissant, le thé partage alors quelque chose de troublant avec notre propre condition et se met parfois, lorsqu’on le déguste, à nous parler au creux de l’oreille de la manière dont nous avons parcouru notre propre vie… »
Olivier nous proposera une dégustation unique de vieux thés, particulièrement rares de sa collection privée, dont les plus vieux atteignent 100 ans d’âge.
Séance unique, 7 convives maximum
Participation : 170€
100% de la recette sera versée à l’intervenant
16 SEP 21.00 – 01.00
La dégustation étant complète, une nouvelle session prendra place avec des thés dont les plus vieux atteindront 80 ans d’âge.
Séance unique, 7 convives maximum
Participation : 80€
100% de la recette sera versée à l’intervenant
16 SEP 17.00 – 20.00
Chronique sensible, l'origine et l'héritage du thé chinois
Les premières traces historiques de la consommation de thé en Chine remontent à environ 3000 ans, pendant la dynastie des Zhou. D’abord considéré comme une plante médicinale, le thé fut utilisé pour traiter diverses maladies. Au cours des siècles, d’autres modes de consommation firent leur apparition et laissèrent derrière eux un héritage riche et complexe.
De la concoction médicinale d’antan aux dégustations les plus actuelles, le thé fut apprécié sous un grand nombre de formes avant de trouver sa destinée pérenne consistant à en infuser les feuilles, telle que nous la connaissons aujourd’hui.
C’est à travers quelques moments clés de l’histoire du thé en Chine que Liam choisit de faire voyager nos sens, en éveillant en nous surprise et émotion.
Nous expérimenterons certaines de ces méthodes de consommation, en allant de la feuille à mâcher jusqu’à Kong Fu Cha, en passant par un bouillon aromatisé. Liam accompagnera ces dégustations d’une réinterprétation contemporaine de sa vision du thé.
Un maximum de 10 convives par séance
Participation : 40€
100% de la recette sera versée à l’intervenant
16 SEP 14.00 – 16.00
18 SEP 18.00 – 20.00
Du « combat de thé » à l’harmonie de demain
Comment l’iconoclaste maître de thé, Adam Sōmu Wojciński, conjuguera-t-il le chanoyu (cérémonie japonaise du thé) au passé, au présent, au futur ?
Adam :
Adam : « Le thé fut d’abord totalement étranger au Japon. Des personnes en quête d’une conscience élargie se sont rendues sur le continent chinois où le thé faisait partie intégrante de la pratique religieuse. »
« De façon étonnante, les rituels du thé zen ont évolué ensuite vers l’art du chanoyu précisément lorsque les cultures étrangères d’Europe sont entrées en contact avec le Japon. Les idées et les technologies étrangères ont élargi la vision du monde du chanoyu, et l’art s’est orienté vers la vérité existentielle et la connexion humaine. Le thé est devenu la quintessence de l’identité culturelle japonaise. »
« Au XXIe siècle, le chanoyu et le rituel du thésont à présent répandus dans le monde entier. Comme le Japon au XVIe siècle, l’humanité cherche la paix au milieu de la guerre perpétuelle, aujourd’hui juxtaposée à la présence d’une intelligence autre. L’avenir du chanoyu participera à l’unification des cultures par la conscience partagée 拈華微笑, le temps non linéaire 平常心 et la synchronicité 不二, offrant à l’humanité un langage universel – un pont vers tout ce qui est autre. Telle est ma conviction. »
Ainsi, le chanoyu que nous proposera Adam entremêlera trois moments charnières de l’histoire du thé au Japon : l’importation de la culture du thé depuis la Chine sous la forme de ‘combat de thé’ ; le premier contact du Japon avec l’Europe au XVIe siècle ; et enfin, la confluence d’une intelligence autre avec l’humanité au XXIe siècle.
Quant à la question de l’héritage, Adam nous invite à visionner en avant première cette vidéo enregistrée pour la conférence Ocha Zanmai de 2023 à San Francisco State University :
Un maximum de 10 convives par séance
Participation : 40€
100% de la recette sera versée à l’intervenant
17 SEP 16.00 – 18.00
18 SEP 14.00 – 16.00
Psychéthélique (soirée)
En contrepoint de l’aspect ‘sérieux’ de cette édition, une soirée festive sera organisée pour les âmes aventureuses. Nous laisserons de côté les traditions institutionnelles du thé pour jouer aux premiers hommes qui découvrent le théier. En toute liberté et sans complexe, nous tenterons d’impensables méthodes, nous préparerons des thés improbables. Et qui sait, peut-être inventerons-nous le thé de demain ?
En compagnie de la musique enivrante de Peter Power et des oeuvres psychédéliques de AArbenz.
Participation libre
100% de la recette sera versée aux intervenants